Collections spéciales
Archives
Les documents de Serraj représentent le fonds d’archives le plus important dont dispose la bibliothèque de la Fondation avec plus de 15.000 documents qui informent sur des aspects de l’histoire sociale, politique et économique de Fès à un moment de l’histoire du Maroc caractérisé par une dynamique de transition aux effets fort importants. Ils permettent aussi de se faire une idée plus précise du système Makhzenien et de ses outils de contrôle. A travers ce fonds, on découvre le système des Awqaf à Fès, tant pour ce qui est des ressources que pour ce qui est des dépenses et les noms des habitants de Fès qui paient les Aâchar (impôts) au Makhzen et lui offrent des cadeaux. On y trouve aussi des données sur des aspects de la gestion des contentieux et des litiges en plus de témoignages individuels et collectifs de soutien pour l’obtention de postes d’administration ou de sécurité à Dar el Makhzen. Ce fonds d’archives permet de se faire une idée des prix de quelques produits alimentaires et autres tels qu’ils ont été fixés par le Makhzen ainsi que des quantités de blé, d’orge, d’huile, de viande et autres données à Dar el Makhzen. Il fournit également des informations sur les dépenses de quelques services de la ville de Fès tels le service d’hygiène et les écoles, les noms de ceux qui bénéficient des charités du sultan, les noms des Oumanae des métiers et professions à Fès, les noms des malades hospitalisés dans les maristanes, hommes et femmes, les noms des fugitifs parmi les habitants de Fès, les noms des mosquées non utilisées à Fès (28 mosquées) ainsi que des données sur les provisions quotidiennes et mensuelles de viande, de farine et de pain livrées à Dar el Makhzen…
L’exploitation de ce fonds d’archives contribuera, sans nul doute, à une meilleure connaissance historique du système du Makhzen marocain au 19e siècle et des rôles joués par certaines familles makhzeniennes et tout particulièrement celle de Serraj.
La Fondation a acheté récemment une collection de cartes postales qui portent essentiellement sur le Maroc. Cette collection appartenait à Hassan BOUAYYADE, collectionneur casablancais qui a passé une bonne partie de sa vie à constituer cette collection, à la soigner et à la classer avec tout ce que cela comporte comme passion, repérage, voyages, marchandages, etc. « Cette collection amassée durant 35 années et recherchée avec passion, amour et assiduité a été collectionnée à travers le monde via des collectionneurs acharnés et par des spécialistes en la matière » commentait fièrement BOUAYYADE.
Une collection de 8.388 documents
Elle se compose de plus de 6.000 cartes postales et de 2.000 photos. La collection relativement homogène et en bon état, concerne essentiellement les villes marocaines pendant la période coloniale. Il y a même des photos qui datent d’avant cette période. Une carte postale sur la ville d’El-Jadida (Mazagan), par exemple, date de 1899. Néanmoins, la quasi-totalité des cartes postales et des photos de la collection ont été éditées durant la période coloniale et portent des signatures de photographes illustres de l'époque tels que Flandrin, Greber, Dieulefils et autres. La collection est classée, grosso modo, par thème dans des albums de photos. Une classification qui s’est faite d’abord par zones géographiques (ville, région), puis par quartiers. La valeur de cette collection de cartes postales ne se réduit pas à sa seule dimension artistique et esthétique. Les cartes postales sont une source riche en informations sur le Maroc colonial. Il s’agit d’une photographie instantanée qui offre un ensemble d’informations visuelles sur les costumes de l’époque, l’artisanat, le rituel, l’architecture, etc.
La carte postale, comme support d’information
La collection des cartes postales est également un support qui :
– Traduit des vues panoramiques d’une partie d’une ville comme Casablanca : quartiers, équipements cultuels (mosquées et églises), culturels, administratifs, essentiellement le centre-ville (ex-ville européenne), la Nouvelle-médina (quartier des Habous et ex-ville « indigène »), la cité de Aïn Chock à Casablanca qui était prévue pour le recasement de la population du bidonville de Ben M’sik.
– Immortalise des vues instantanées d’une population à travers ses coutumes et ses costumes de l’époque (les années 20 et 30 plus particulièrement), sa vie sociale et économique (les hammams, le quartier réservé de Bousbire à Casablanca, la halqa avec ses conteurs, les ateliers de broderie, les épiciers, les cireurs, les relieurs, les tisserands, les marchands d’eau, de céréales, de bestiaux, de bois … les souks ruraux, les cimetières, etc.
– Informe sur le début de la conquête militaire coloniale en 1907, ou encore sur les statues qui meublaient les espaces urbains de la « ville européenne », celle du maréchal Lyautey, du général Leclerc, etc.
– Met également en relief les représentations sociales des photographes porteurs de mythes orientaux et des utopies des aventures coloniales qui nourrissaient l’imaginaire exotique des Européens.
Mais, par delà cette « vérité historique et géographique » visible, la collection de Hassan Bouayyade offre également des cartes postales « voyagées » avec des informations rédigées par l’expéditeur sur le dos de la carte postale.